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Un arbre droit fait un bon violon 
 
 
   Fabien, notre luthier, est issu d'une famille de musiciens. Tout comme lui, son père était un excellent violoniste. N'étant jamais tout à fait satisfait des violons qu'il pouvait se payer, son père décida un jour de fabriquer ses propres instruments de musique. Il lui fallu des années avant de réussir à produire un instrument valable, mais il y réussit. Par la suite, il enseigna à son fils les rudiments du métier de luthier.
 
   Ce matin-là, le soleil s'était levé depuis peu, et déjà Fabien se pointait à l'orée du bois. Depuis quelques temps, il parcourait la forêt de long en large à la recherche d'un arbre en particulier, afin d'utiliser son bois pour confectionner ses futurs violons. Il ne lorgnait que les érables il en va de soit, mais pas n'importe lequel. Fabien cherchait rien de moins que le plus bel érable des environs ; un arbre mature, bien droit, avec les branches réparties également sur son pourtour.
 
   Un luthier digne de ce nom, se doit d'être un homme sensible à la nature des choses, s'il veut confectionner des instruments de qualité. Fabien était de ce nombre, et il avait bien saisi le sens du vieux dicton ; « Tout est en tout ». Il savait par instinct que si les molécules qui composent un arbre étaient parfaitement agencées, cet arbre serait alors bien droit et asymétrique, et la qualité de son bois serait par conséquence exceptionnelle. Il avait compris que le bois provenant d'un arbre distordu ne peut transmettre qu'une résonnance distordue à un instrument à cordes.
 
   L'étape suivante, qui consiste à modeler et à assembler les pièces d'un violon, exige une grande dextérité. On ne construit pas un violon comme on construit une porte de grange ! Un luthier doit y fusionner un peu de son âme avec l'âme du violon (cette petite cheville d'épicéa savamment coincée à l'intérieur du violon) afin que l'instrument puisse rendre la note juste et harmonieuse, et ainsi faire honneur à l'artisan qui l'a construit.

André A. Bernier


 
Et surtout n'oubliez pas...

La connaissance n'a de valeur que si elle est appliquée dans la vie


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